Decision no. 74-54 DC of 15 January 1975
On 20 December 1974 the Constitutional Council received a referral from Mr Jean FOYER, Mr Marc LAURIOL, Mr Hervé LAUDRIN, Mr Emmanuel HAMEL, Mr Paul CAILLAUD, Mr Charles BIGNON, Mr Joseph-Henri MAUJOUAN du CASSET, Mr Jean CHAMBON, Mr Henri de GASTINES, Mr Lucien RICHARD, Mr Albert LIOGIER, Mr Léon DARNIS, Mr Alexandre BOLO, Ms Yvonne STEPHAN, Mr Pierre BAS, Mr Maurice LIGOT, Mr Pierre de BENOUVILLE, Mr Julien SCHWARTZ, Ms Nicole de HAUTECLOCQUE, Mr Robert WAGNER, Mr Gérard DELIAUNE, Mr Gabriel de POULPIQUET, Mr Gaston GIRARD, Mr Augustin CHAUVET, Mr Henri GUILLERMIN, Mr Paul RIVIERE, Mr Gérard CHASSEGUET, Mr Marcel HOFFER, Mr René QUENTIER, Mr René RADIUS, Mr Pierre NOAL, Mr Claude GERBET, Mr Jacques FOUCHIER, Mr Bertrand DENIS, Mr Charles DEPREZ, Mr André PICQUOT, Mr Jean GRIMAUD, Mr Jean BICHAT, Mr Romain BUFFET, Mr Edouard FREDERIC-DUPONT, Mr Jean CHASSAGNE, Mr Michel JACQUET, Mr Albert BROCHARD, Mr Isidore RENOUARD, Mr Emile DURAND, Mr André BRUGEROLLE, Mr Xavier HAMELIN, Mr Jean SEITLINGER, Mr Louis JOANNE, Mr Henri DUVILLARD, Mr Pierre CORNET, Mr Marcel PUJOL, Mr Auguste DAMETTE, Mr Roland BOUDET, Mr Jean- Marie DAILLET, Mr Jacques MEDECIN, Mr Henri BLARY, Mr Charles CEYRAC, Mr Maurice CORNETTE, Mr Roger CORREZE, Mr René BLAS, Mr André GLON, Mr Pierre BURON, Mr Paul BOUDON, Mr Paul VAUCLAIR, Mr Jean-Paul PALEWSKI, Mr Maurice SCHNEBELEN, Mr Albert EHM, Mr Maurice DOUSSET, Mr Maurice PAPON, Mr Pierre GODEFROY, Mr Frédéric DUGOUJON, Mr Emile BIZET, Mr Pierre MAUGER, Mr Pierre-Charles KRIEG, Mr Yves LE CABELLEC, Mr Jean CRENN, Mr Pierre WEBER, Mr Rémy MONTAGNE and Mr Loïc BOUVARD and, on 30 December 1974, from Mr Raymond RETHORE, Deputies to the National Assembly, pursuant to Article 61 of the Constitution, concerning the Voluntary Interruption of Pregnancy Act, as adopted by Parliament.
THE CONSTITUTIONAL COUNCIL,
Having regard to the submissions made in support of the referral;
Having regard to the Constitution, and in particular the preamble thereto;
Having regard to Ordinance of 7 November 1958 laying down the Institutional Act on the Constitutional Council, and in particular chapter II of title II thereof;
Having heard the rapporteur,
On the following grounds:
- Article 61 of the Constitution does not confer on the Constitutional Council a general or particular discretion identical with that of Parliament, but simply empowers it to rule on the constitutionality of statutes referred to it;
- By Article 55 of the Constitution: “Treaties or agreements duly ratified or approved shall, upon publication, prevail over Acts of Parliament, subject, in regard to each agreement or treaty, to its application by the other party”;
- While these provisions confer upon treaties, in accordance with their terms, an authority superior to that of statutes, they neither require nor imply that this principle must be honoured within the framework of constitutional review as provided by Article 61;
- Decisions made under Article 61 of the Constitution are unconditional and final, as is clear from Article 62, which prohibits the promulgation or implementation of any provision declared unconstitutional; on the other hand, the prevalence of treaties over statutes, stated as a general
rule by Article 55, is both relative and contingent, being restricted to the ambit of the treaty and subject to reciprocity, which itself depends on the behaviour of the signatory state or states and on the time at which it is to be assessed;
- A statute that is inconsistent with a treaty is not ipso facto unconstitutional;
- Review of the rule stated in Article 55 cannot be effected as part of a review pursuant to Article 61, because the two reviews are different in kind;
- It is therefore not for the Constitutional Council, when a referral is made to it under Article 61 of the Constitution, to consider the consistency of a statute with the provisions of a treaty or an international agreement;
- Secondly, the Voluntary Interruption of Pregnancy Act respects the freedom of persons who resort to or take part in a termination of pregnancy, whether for reasons of distress or on therapeutic grounds; consequently, the Act does not conflict with the principle of freedom set out in Article 2 of the Declaration of Human and Civic Rights;
- The Act referred to the Constitutional Council does not allow any departure from the principle of respect for all human beings from the inception of life - a principle referred to in section 1 of the Act - except in case of need and on the terms and subject to the restrictions contained therein;
- None of the exceptions allowed by the statute is, as matters stand, inconsistent with any of the fundamental principles recognised by the laws of the Republic, nor with the principle set out in
the preamble to the Constitution of 27 October 1946 whereby the nation guarantees health care to all children, nor with any of the other principles of constitutional status established by that text;
- The Voluntary Interruption of Pregnancy Act is not therefore at variance with the texts to which the Constitution of 4 October 1958 refers in the preamble thereto, nor with any Article of the Constitution;
Has decided as follows:
Article 1.- The provisions of the Voluntary Interruption of Pregnancy Act, referred to the Constitutional Council, are not unconstitutional.
Article 2.- This decision shall be published in the
Journal officiel de la République française.
Deliberated by the Constitutional Council at its sittings of 14 and 15 January 1975.
Les abstracts
- 1. NORMES CONSTITUTIONNELLES
- 1.2. DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN DU 26 AOÛT 1789
- 1.2.3. Article 2
1.2.3.1. Principe de liberté
- 1. NORMES CONSTITUTIONNELLES
- 1.3. PRINCIPES AFFIRMÉS PAR LE PRÉAMBULE DE LA CONSTITUTION DE 1946
1.3.1. Admission de la valeur constitutionnelle du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946
Aucune des dérogations prévues par cette loi n'est, en l'état, contraire à l'un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ni ne méconnaît le principe énoncé dans le Préambule de la Constitution de 1946, selon lequel la Nation garantit à l'enfant la protection de la santé, non plus qu'aucune des autres dispositions ayant valeur constitutionnelle édictées par le même texte.
- 1. NORMES CONSTITUTIONNELLES
- 1.9. NORMES DE RÉFÉRENCE NON RETENUES ET ÉLÉMENTS NON PRIS EN CONSIDÉRATION
- 1.9.1. Normes de référence non retenues pour le contrôle de constitutionnalité des lois
- 1.9.1.1. Traités et accords internationaux
1.9.1.1.1. Affirmation du principe
Il n'appartient pas au Conseil constitutionnel, saisi en application de l'article 61 de la Constitution, d'examiner la conformité d'une loi aux stipulations d'un traité ou d'un accord international.
Dans le cadre de leurs compétences respectives, il incombe aux divers organes de l'État de veiller à l'application des conventions internationales. S'il revient au Conseil constitutionnel, lorsqu'il est saisi sur le fondement de l'article 61 de la Constitution, de s'assurer que la loi respecte le champ d'application de l'article 55, il ne lui appartient pas en revanche d'examiner la conformité de celle-ci aux stipulations d'un traité ou d'un accord international.
- 1. NORMES CONSTITUTIONNELLES
- 1.9. NORMES DE RÉFÉRENCE NON RETENUES ET ÉLÉMENTS NON PRIS EN CONSIDÉRATION
- 1.9.1. Normes de référence non retenues pour le contrôle de constitutionnalité des lois
- 1.9.1.1. Traités et accords internationaux
1.9.1.1.2. Applications
Les requérants soutenaient qu'un article aurait méconnu le principe communautaire de libre circulation des biens et des services au sein de l'Union européenne. Or, la disposition critiquée n'a ni pour objet, ni pour effet d'entraver la libre circulation des véhicules. Ainsi le grief invoqué manque en fait.
- 4. DROITS ET LIBERTÉS
- 4.4. DROIT À LA VIE ET À L'INTÉGRITÉ PHYSIQUE, PROTECTION DE LA SANTÉ (Pour la protection de la santé publique, voir ci-dessous Autres droits et principes sociaux)
4.4.1. Interruption volontaire de grossesse
La loi relative à l'interruption volontaire de grossesse n'admet qu'il soit porté atteinte au principe du respect de tout être humain dès le commencement de la vie, rappelé dans son article 1er, qu'en cas de nécessité et selon les conditions et limitations qu'elle définit. Aucune des dérogations prévues par cette loi n'est, en l'état, contraire à l'un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ni ne méconnaît le principe énoncé dans le Préambule de la Constitution de 1946, selon lequel la Nation garantit à l'enfant la protection de la santé, non plus qu'aucune des autres dispositions ayant valeur constitutionnelle édictées par le même texte.
- 7. DROIT INTERNATIONAL ET DROIT DE L'UNION EUROPÉENNE
- 7.3. TRAITÉS ET ACCORDS INTERNATIONAUX EN VIGUEUR
- 7.3.2. Primauté des traités et accords (article 55)
7.3.2.1. Principe de primauté
La supériorité des traités sur les lois, dont le principe est posé à l'article 55 de la Constitution, présente un caractère à la fois relatif et contingent, tenant, d'une part, à ce qu'elle est limitée au champ d'application du traité et, d'autre part, à ce qu'elle est subordonnée à une condition de réciprocité dont la réalisation peut varier selon le comportement du ou des États signataires du traité et le moment où doit s'apprécier le respect de cette condition.
- 7. DROIT INTERNATIONAL ET DROIT DE L'UNION EUROPÉENNE
- 7.3. TRAITÉS ET ACCORDS INTERNATIONAUX EN VIGUEUR
- 7.3.3. Compétence du Conseil constitutionnel
7.3.3.1. Incompétence de principe du Conseil constitutionnel pour contrôler la conventionalité des lois
- 11. CONSEIL CONSTITUTIONNEL ET CONTENTIEUX DES NORMES
- 11.7. EXAMEN DE LA CONSTITUTIONNALITÉ
- 11.7.1. Nature du contrôle
11.7.1.1. Pouvoir d'appréciation conféré au Conseil constitutionnel
L'article 61 de la Constitution ne confère pas au Conseil constitutionnel un pouvoir général d'appréciation et de décision identique à celui du Parlement, mais lui donne seulement compétence pour se prononcer sur la conformité à la Constitution des lois déférées à son examen.
- 11. CONSEIL CONSTITUTIONNEL ET CONTENTIEUX DES NORMES
- 11.7. EXAMEN DE LA CONSTITUTIONNALITÉ
- 11.7.3. Étendue du contrôle
- 11.7.3.2. Limites reconnues au pouvoir discrétionnaire du législateur
11.7.3.2.3. Modalités retenues par la loi manifestement inappropriées à cet objectif
La Constitution ne confère pas au Conseil constitutionnel un pouvoir général d'appréciation et de décision identique à celui du Parlement. Il ne lui appartient donc pas de rechercher si l'objectif que s'est assigné le législateur n'aurait pas pu être atteint par d'autres voies, dès lors que les modalités retenues par la loi ne sont pas manifestement inappropriées à l'objectif poursuivi.