Décision n° 2023-6173 AN du 9 juin 2023
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A ÉTÉ SAISI le 13 février 2023 par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (décision du 25 janvier 2023), dans les conditions prévues au troisième alinéa de l’article L. 52-15 du code électoral. Cette saisine est relative à la situation de M. Issa ISSA ABDOU, candidat aux élections qui se sont déroulées les 11 et 18 juin 2022, dans la 2e circonscription du département de Mayotte, en vue de la désignation d’un député à l’Assemblée nationale. Elle a été enregistrée au secrétariat général du Conseil constitutionnel sous le n° 2023-6173 AN.
Au vu des textes suivants :
- la Constitution, notamment son article 59 ;
- l’ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;
- le code électoral ;
- le règlement applicable à la procédure suivie devant le Conseil constitutionnel pour le contentieux de l’élection des députés et des sénateurs notamment le troisième alinéa de son article 9-1 ;
Au vu des pièces suivantes :
- les pièces du dossier desquelles il résulte que communication de la saisine de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a été donnée à M. ISSA ABDOU, qui n’a pas produit d’observations ;
- les autres pièces produites et jointes au dossier ;
Et après avoir entendu le rapporteur ;
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL S’EST FONDÉ SUR CE QUI SUIT :
1. Il résulte de l’article L. 52-12 du code électoral que chaque candidat aux élections législatives soumis au plafonnement prévu à l’article L. 52-11 est tenu d’établir un compte de campagne lorsqu’il a obtenu au moins 1 % des suffrages exprimés ou s’il a bénéficié de dons de personnes physiques conformément à l’article L. 52-8. Pour la période mentionnée à l’article L. 52-4 du code électoral, ce compte de campagne retrace, selon leur origine, l’ensemble des recettes perçues et, selon leur nature, l’ensemble des dépenses engagées ou effectuées en vue de l’élection. Il doit être en équilibre ou excédentaire et ne peut présenter un déficit. Ce compte de campagne doit être déposé à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques au plus tard avant 18 heures le dixième vendredi suivant le premier tour de scrutin. Il ressort également de l’article L. 52-12 que ce compte doit être présenté par un membre de l’ordre des experts-comptables qui met le compte en état d’examen et s’assure de la présence des pièces justificatives requises. Cette présentation n’est pas obligatoire lorsque le candidat a obtenu moins de 5 % des suffrages exprimés et que les recettes et les dépenses de son compte de campagne n’excèdent pas un montant fixé par décret. Dans ce cas, le candidat doit transmettre à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques les relevés du compte bancaire ouvert en application de l’article L. 52-5 ou de l’article L. 52-6.
2. Il ressort de l’article L. 52-12 du code électoral que le compte de campagne doit retracer l’ensemble des dépenses engagées ou effectués en vue de l’élection.
3. Le compte de campagne de M. ISSA ABDOU a été rejeté par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques dans sa décision précitée.
4. La commission a constaté qu’un certain nombre de dépenses d’un montant de 5 250 euros n’ont pas été inscrites au compte de campagne. Elle a également relevé que les recettes du candidat révélaient un don émanant d’une personne morale d’un montant de 3 500 euros, en méconnaissance des dispositions de l'article L. 52-8 du code électoral.
5. Ces circonstances sont établies. Par suite, c’est à bon droit que la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a rejeté son compte de campagne.
6. L’article L.O. 136-1 du code électoral dispose que, en cas de volonté de fraude ou de manquement d’une particulière gravité aux règles de financement des campagnes électorales, le Conseil constitutionnel peut déclarer inéligible le candidat dont le compte de campagne a été rejeté à bon droit.
7. Eu égard au cumul d'irrégularités et au caractère substantiel des obligations méconnues dont M. ISSA ABDOU ne pouvait ignorer la portée, il y a lieu de prononcer l’inéligibilité de M. ISSA ABDOU à tout mandat pour une durée de trois ans à compter de la présente décision.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL DÉCIDE :
Article 1er. - M. Issa ISSA ABDOU est déclaré inéligible en application de l’article L.O. 136-1 du code électoral pour une durée de trois ans à compter de la présente décision.
Article 2. - Cette décision sera publiée au Journal officiel de la République française et notifiée dans les conditions prévues à l’article 18 du règlement applicable à la procédure suivie devant le Conseil constitutionnel pour le contentieux de l’élection des députés et des sénateurs.Jugé par le Conseil constitutionnel dans sa séance du 8 juin 2023, où siégeaient : M. Laurent FABIUS, Président, Mme Jacqueline GOURAULT, M. Alain JUPPÉ, Mmes Corinne LUQUIENS, Véronique MALBEC, MM. Jacques MÉZARD, François PILLET, Michel PINAULT et François SÉNERS.
Rendu public le 9 juin 2023.
JORF n°0135 du 13 juin 2023, texte n° 76
ECLI : FR : CC : 2023 : 2023.6173.AN
Les abstracts
- 8. ÉLECTIONS
- 8.3. ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
- 8.3.5. Financement
- 8.3.5.3. Présentation du compte
8.3.5.3.2. Totalité des opérations financières
Le compte de campagne a été rejeté par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques au motif qu’un certain nombre de dépenses d’un montant de 5 250 euros n’ont pas été inscrites au compte de campagne. Elle a également relevé que les recettes du candidat révélaient un don émanant d’une personne morale d’un montant de 3 500 euros, en méconnaissance des dispositions de l'article L. 52-8 du code électoral. Rejet à bon droit et trois ans d'inéligibilité eu égard au cumul de manquements.
- 8. ÉLECTIONS
- 8.3. ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
- 8.3.5. Financement
- 8.3.5.4. Recettes produites au compte de campagne
- 8.3.5.4.5. Dons consentis à un candidat par une personne morale à l'exception des partis ou groupements politiques (article L. 52-8, alinéa 2, du code électoral)
8.3.5.4.5.5. Bénéfice d'un don ou d'un avantage entraînant le rejet du compte
Le compte de campagne a été rejeté par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques au motif qu’un certain nombre de dépenses d’un montant de 5 250 euros n’ont pas été inscrites au compte de campagne. Elle a également relevé que les recettes du candidat révélaient un don émanant d’une personne morale d’un montant de 3 500 euros, en méconnaissance des dispositions de l'article L. 52-8 du code électoral. Rejet à bon droit et trois ans d'inéligibilité eu égard au cumul de manquements.