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Allocution de M. Laurent Fabius pour la cérémonie d’investiture de M. Emmanuel Macron, Président de la République

Palais de l’Elysée, le 7 mai 2022


Monsieur le Président de la République,

Dimanche 24 avril 2022, vous avez recueilli lors du second tour de l’élection présidentielle 18.768.639 voix, soit la majorité absolue des suffrages exprimés. En application des articles 7 et 58 de la Constitution, le Conseil constitutionnel vous a déclaré élu Président de la République pour un second mandat qui débutera le 14 mai à 0 heure. Je vous renouvelle nos chaleureuses félicitations.

Monsieur le Président, il y a 5 ans, lors de votre première investiture dans cette même salle, j’avais évoqué les mots de Chateaubriand : « Pour être l’homme de son pays, il faut être l’homme de son temps ». Or le temps du quinquennat qui s’achève a été percuté par une accumulation singulière de crises et de bouleversements, sur les plans sanitaire, sécuritaire, social, énergétique, financier, qui n’ont pas épuisé leurs conséquences, notamment sur un malaise démocratique préoccupant.

C’est pourquoi, je complèterai volontiers aujourd’hui les mots de Chateaubriand par ceux de Victor Hugo : « en ces temps troublés, soyons les serviteurs du droit et les esclaves du devoir ».

Le droit, c’est d’abord respecter l’Etat de droit, ce patrimoine précieux de principes essentiels à nos démocraties, y compris si la Constitution elle-même devait être révisée. C’est en effet la condition première de la préservation de nos libertés.

Le devoir, c’est de contribuer, chacun à sa mesure, à relever les nombreux défis de notre nation indépendante : intérieurs, européens et internationaux. Particulièrement trois d’entre eux. Celui de la paix et de la guerre, criminellement réintroduite sur notre continent 77 ans après le 8 mai. Celui de la lutte, urgentissime, contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité. Celui, enfin, du renforcement concret de notre démocratie et de sa compagne, la justice sociale, en métropole et outre-mer. Trois défis qui ont en commun de conditionner notre vivre ensemble et la vie même des générations futures.

Monsieur le Président de la République, relever ces défis et tous les autres, sous votre autorité, sous la conduite du Gouvernement et le contrôle du Parlement, tel est le vœu ardent que je forme, pour votre mandat, pour les Français et pour la France.